Paris suffoque. Canicules, pollution, travaux, embouteillages, saleté, sur-densification et règne de l’asphalte noir l’asphyxient. Les parisiens étouffent! Leur qualité de vie comme leur santé se détériorent. Sans parler des conséquences sur l’environnement.
Depuis son élection, la maire de Paris porte un discours écologique pour la capitale. C’est heureux. La lutte contre le dérèglement climatique et ses effets doit effectivement être une priorité absolue. S’il en était encore besoin, l’actualité européenne l’a rappelé la semaine dernière: Ursula Von der Leyen a été élue Présidente de la Commission européenne autour d’un programme centré sur un «Pacte vert» tandis qu’un débat au Parlement européen sur la qualité de l’air a martelé la nécessité pour les villes d’accélérer leurs efforts.
Mais, force est de constater que Paris fait toujours figure de mauvais élève. En matière de pollution atmosphérique, les concentrations annuelles de dioxyde d’azote y sont toujours deux fois supérieures à la norme européenne, de 40 µg/m3, avec les conséquences graves que l’on connaît sur la santé des habitants. Concernant le ratio d’espaces verts par habitant aussi nous sommes à la traîne: 5,8 m2 contre les 10 m2 recommandés par l’OMS, bien loin des 34 m2 de Nantes, 45 m2 de Londres, ou 313 m2 de Göteborg!
La raison est simple: de «forêts urbaines» en «oasis», la maire de Paris multiplie les coups de com’ et en oublie l’action. Ne nous y trompons pas. Ces annonces ne cherchent qu’à masquer le retard déjà pris sur les engagements du Plan Climat de Paris, adopté en 2018.
Il est grand temps d’enclencher le turbo! Sans attendre! Et de changer de stratégie.
Dédensifions massivement et désimperméabilisons les sols. Les petites touches de verdures dont la maire pare la ville ne suffisent plus à cacher sa politique de densification à outrance, incompatible avec toute stratégie de résilience. Rééquilibrons notre territoire. Démultiplions les «îlots verts» en s’appuyant sur un recensement systématique et exhaustif des aires susceptibles d’être végétalisées (places, établissements municipaux, toits...). Créons des «îlots bleus» autour des quelque mille fontaines aujourd’hui délaissées.
Repensons les mobilités, en privilégiant une approche systémique qui ne s’arrête pas aux frontières du périphérique. Plutôt que de chasser les voitures de façon coercitive, développons les alternatives, en coordination avec IDF Mobilités: les transports en commun fluviaux par exemple, peu polluants et non saturés. Mais aussi les navettes autonomes et propres. Des axes comme les berges de Seine pourraient leur réserver une voie. Dans cette même veine, la présidente de la Région Ile-de-France a proposé la mise en service d’un bus électrique sur les quais hauts.
Misons sur l’écologie positive! Celle qui incite plutôt que contraint. Prenons l’exemple des rénovations thermiques. Une exonération temporaire d’une partie de la taxe foncière ne serait-elle pas plus efficace qu’un financement tiers pour inciter les copropriétés à réaliser des travaux de performance énergétiques?
Parions enfin sur l’innovation. Puissant levier de réduction de notre empreinte carbone et créateur d’emplois, la Green tech doit être encouragée. Le big data, par exemple, est un outil indispensable pour mieux faire correspondre besoins et offre, minimiser les gaspillages. L’occupation intelligente des bâtiments municipaux en est un autre et permettrait d’éviter de chauffer voire climatiser des pièces non occupées.
La ville qui a vu naître, en 2015, le premier accord universel sur le climat a tous les moyens de devenir leader en la matière. Pour peu que l’on agisse vraiment, car l’enjeu est bien plus grand: transmettre à nos enfants une ville où ils pourront s’époumoner sans craindre pour leur santé.
Agnès Evren
Article à retrouver sur lefigaro.fr : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/paris-etouffe-anne-hidalgo-il-faut-arreter-la-com-20190723